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Le Figaro littéraire du 17 janvier 2013

Le dernier Shah (1919-1980)
de Houchang Nahavandi et Yves Bomati, Perrin,
620 p, 27 €

Par Eric ROUSSEL

Dernier shah d'Iran, Mohammad Réza Pahlavi est mort voici trente-deux ans au Caire, le 20 juillet 1980 [27 juillet, et non le 20], terme ultime de l'exil dramatique auquel l'avait contraint la Révolution dans son pays dix-huit mois plus tôt. A l'époque, il était au ban des nations, abandonné par tous les grands de la terre, à la notable exception du président Sadate qui, homme d'honneur et fidèle en amitié, organisa à sa mémoire des obsèques grandioses auxquelles assistèrent plus de trois millions d'Egyptiens.
A présent, le temps a fait son œuvre, la Révolution iranienne a montré son vrai visage et l'action de l'ex-empereur peut être soumise au jugement de l'histoire. Telle est en tout cas l'ambition des deux auteurs de sa récente biographie : Houchang Nahavandi, ancien recteur des universités de Chiraz et de Téhéran, qui fut son ministre du Développement, et Yves Bomati, spécialiste de l'histoire des religions et des civilisations orientales.
Fondé non seulement sur l'expérience irremplaçable de Houchang Nahavandi, mais aussi sur des sources en grande partie inédites, l'ouvrage constitue la première vraie biographie du shah, remarquable tant par l'art du récit que par la pertinence des jugements sur une personnalité secrète, complexe, paradoxale à certains égards. Jusqu'au début de son âge mûr, Mohammad Réza Pahlavi fut essentiellement perçu comme le fils de son père, Réza Khan, fondateur d'une nouvelle dynastie à l'aube des années 1920. Lorsqu'il monta sur le trône en 1941, son pays traversait une dure épreuve. Les Anglais et les Soviétiques occupaient l'Iran. En butte à leur hostilité, Réza avait dû quitter l'Iran, laissant derrière lui une nation meurtrie et un héritier encore hésitant.

Un modèle
A la fin de 1944, sur la route de Moscou où il doit rencontrer Staline, le général de Gaulle s'arrête à Téhéran. A cette occasion, il rencontre le jeune souverain, très impressionné par son illustre visiteur. L'épisode, peu connu, n'explique pas toute la suite mais il est certain que le chef de la France libre deviendra à partir de ce moment pour Mohammad Réza Pahlavi un modèle. Dès la fin de la guerre, confronté aux tentatives sécessionnistes dans les provinces du Nord-Est et aux rébellions tribales dans le Sud, l'empereur commence à s'affirmer.
A cette époque, sa situation précaire lui impose de se rapprocher des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Bientôt, quand l'essor de la production pétrolière dynamisera le Premier ministre nationaliste Mossadegh, l'appui des deux puissances se révélera décisif : grâce à lui et au soutien de l'armée, le monarque sera restauré sur le trône après un bref exil en Italie. Pour autant, Mohammad Réza Pahlavi n'entend pas compromettre son indépendance. On s'en apercevra au cours des années suivantes lorsque, fidèle aux leçons de De Gaulle, il engagera son peuple sur la voie de la modernisation et de la réforme, en restant l'ami des Américains mais ne dédaignant pas l'appui de l'URSS puis celui de la Chine.
Période faste du règne, la Révolution blanche des années 1960 verra le niveau de vie des Iraniens s'améliorer de manière considérable mais plus le temps passera, plus se creuser un fossé entre les élites très occidentalisées et les couches populaires sensibles au conservatisme religieux. D'où la vague de la fin des années 1970 qui, sur fond d'intégrisme religieux, aboutira à la Révolution et au départ du Shah en janvier 1979.
Du jeu des grandes puissances à cette époque, de l'aveuglement de leurs élites face à Khomeyni, des hésitations du souverain souffrant de la même rare maladie qui emporta Georges Pompidou, tout semble avoir été dit. Houchang Nahavandi et Yves Bomati réussissent l'exploit de renouveler le sujet grâce à une connaissance approfondie de la civilisation iranienne et de celui qui, sans doute trop vite, voulait lui faire brûler les étapes.
Des erreurs et faiblesses de Mohammad Réza Pahlavi, leur livre ne cache rien (en particulier les agissements de la Savak, police politique omniprésente) mais ils rendent justice à sa croyance au progrès, à son profond patriotisme.
On ne lit pas sans un sentiment de  honte l'évocation de ses derniers mois quand, malade et interdit de séjour presque partout, il errait de refuge en refuge, menacé d'être traduit en justice à Téhéran.
PRESSE
Eric ROUSSEL
Président de l’Institut Pierre-Mendès-France
Docteur en droit,
biographe du
général de Gaulle, de Georges Pompidou et Pierre Mendès France