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Femme actuelle - Jeux Extra 
n° 10, Juillet-août 2013
PRESSE
par Céline Lacourcelle
journaliste
  
Le dernier empereur

Une personnalité équivoque

Dictateur? Héros? Visionnaire?
Bouc émissaire? Marionnette?
Selon l'histoire, on a jugé le dernier Shah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi, de diverses façons.
Le 16 septembre 1941, lorsqu'il monte sur le trône, on le fait passer pour le jouet des puissances occidentales. Son pays est alors occupé par les Russes et les Britanniques. C'est vrai qu'il prend alors la couronne par devoir, sans grand enthousiasme. A moins qu'il ne soit plutôt un symbole.
Au début de sa souveraineté, son pays est, en fait, gouverné parle Premier ministre, qui dispose de tous les pouvoirs dans cette monarchie parlementaire calquée sur le modèle belge.

Plus tard, alors qu'il montre peu à peu son autorité, il dérange ceux qui veulent garder la main sur le pétrole. Il excède les autres, en prise avec le service de sécurité intérieure et de renseignement de l'Iran.
Pour ses biographes, il n'était pas si docile.

Yves Bomati explique:
«Il a régné près de trente-huit ans. Controversé, il n’en était pas moins ambigu. Il faut remonter dans sa jeunesse pour comprendre cette personnalité complexe. Lorsque, jeune étudiant en Suisse, il devait cacher son statut, celui d'héritier. Toute sa vie, il a dû dissimuler et faire bonne figure. Et pourtant, la dernière image que l'on a de lui, c'est à l'aéroport lorsqu'il quitte définitivement son pays. Il ôte ses lunettes noires et pleure. »
Sa Révolution blanche,

A un moment de sa vie, le Shah a souhaité apposer sa marque à l'Iran : elle a pour nom «Révolution blanche». Ce projet devient réalité en 1963.
Le premier acte? Permettre à tout Iranien d'être électeur et élu. Ce qui semble légitime au XXe siècle, sauf que le mot « Iranien » sous-entend aussi «Iranienne»! Donner ainsi le droit de vote aux femmes est une audace sans précédent. L'émeute gronde.
Le souverain entame dans la foulée sa réforme agraire, nationalise forêts et pâturages, distribue 20% des bénéfices des entreprises aux ouvriers et crée une «Armée du Savoir» pour lutter contre l'analphabétisme.
Autant de principes approuvés à une très large majorité d'Iraniens lors d'un référendum.
«En une poignée d'années, Mohammad Reza fait gagner cinq siècles à son pays. C'était aller trop vite», observe Yves Bomati. Les chefs de tribus, dont l'autorité est mise à mal, se rebellent. A leurs voix s'ajoutent celles d'une partie des religieux, et notamment celle d'un certain Khomeiny.
Les fêtes de Persépolis, données en 1971, seront selon l'historien l'autre erreur du dernier empereur iranien. «En célébrant cette cité fondée par Cyrus le Grand au VIe siècle avant J.-C., il glorifiait le passé, celui d'avant l'islamisation. Tous les grands de ce monde étaient invités, alors que les Iraniens ont suivi ces festivités grandioses à la télévision. C'était pourtant leur histoire. Une cassure s'est alors produite.»


Sur la corde raide

Mohammad Reza est entré très tôt en résistance, face à une destinée très accidentée.
Arrivé sur le trône en 1941, il est victime d'un attentat huit ans plus tard.
Il est ensuite contraint à l'exil après avoir échoué à destituer son Premier ministre, Mohammad Mossadegh, à l'origine de la nationalisation en 1951 de la toute-puissante compagnie pétrolière britannique. Un coup d'Etat orchestré par les Etats-Unis le réinstallera au pouvoir.
Plus tard, il est en lutte contre les groupes religieux et Khomeiny, dont la BBC diffuse les appels à la Révolution.
Pour finir, cet empereur déchu et gravement malade errera en quête d'une terre où mourir. Seul le président égyptien Anouar el-Sadate l'accueillera.
Les femmes de sa vie

Les femmes ont marqué l'histoire des Pahlavi.
Déjà d'un point de vue politique. Si le dernier Shah autorise le droit de vote à ses contemporaines, son père avant lui les avait dévoilées.
En 1967, Mohammad élève même sa troisième épouse au rang d'impératrice, du jamais-vu dans l'histoire de la Perse. Farah Diba devient ainsi la «Shahbanou». Elle aura d'ailleurs une certaine influence dans les affaires du royaume. Intelligente (elle a étudié l'architecture à Paris) et très jolie, comme l'ont été les deux précédentes épouses du Shah.
La première, la princesse Fawzia d'Egypte, au teint pâle et aux yeux bleus, était une réelle beauté. Mais ne s'habituant pas à la vie de la Cour iranienne, elle rentre dans son pays. Le divorce est officiellement annoncé en 1948.
Soraya Esfandiari est sa deuxième épouse et son grand amour. Malheureusement, le conte de fées ne dure pas. Après sept ans de mariage, n'ayant pas donné d'héritier au Shah, la jeune femme est répudiée. Elle restera à jamais l'inoubliable «princesse aux yeux tristes».
Yves BOMATI

Le passé nous éclaire

Pourquoi consacrer un livre à ce souverain?

S'il existe ici et là quelques écrits, comme les Mémoires, de Farah Diba, sa troisième épouse, aucun livre n'avait, à ce jour, été publié sur l'histoire des Pahlavi et le règne de cette dynastie.
Avec Houchang Nahavandi, mon coauteur, nous avons considéré qu'il fallait revenir sur l'arrivée de cette famille au pouvoir durant les années 1920 et présenter l'Iran d'alors pour comprendre qui était le dernier Shah, ce qu'il a fait, et en quoi il a dérangé.
Nous avons travaillé sur le passé pour donner quelques clés, afin de mieux appréhender le présent, tout en usant de nombreuses anecdotes pour le rendre plus vivant. C'est le roman d'une vie. Cela nous a semblé d'autant plus important que, pour les Français, tout ce qui entoure la chute du Shah et la montée de Khomeiny reste flou.


Quelles ont été vos sources?

Elles ont été diverses. Précisons tout d'abord que mon coauteur a été recteur des universités de Shiraz et de Téhéran, ainsi que ministre du Développement sous la monarchie iranienne, donc un témoin direct.
Pour ma part, je suis allé en Iran par le passé visiter les lieux construits par le Shah.
S'ajoutent des archives nouvellement disponibles, divers témoignages et des documents diplomatiques américains, espagnols et persans, bien sûr, compréhensibles de Houchang Nahavandi.


Propos recueillis par Céline Lacourcelle

Mohammad Reza Pahlavi, le dernier Shah, 1919-1980,
éditions Perrin 27€.