Sa Révolution blanche,
A un moment de sa vie, le Shah a souhaité apposer sa marque à l'Iran : elle a pour nom «Révolution blanche». Ce projet devient réalité en 1963.
Le premier acte? Permettre à tout Iranien d'être électeur et élu. Ce qui semble légitime au XXe siècle, sauf que le mot « Iranien » sous-entend aussi «Iranienne»! Donner ainsi le droit de vote aux femmes est une audace sans précédent. L'émeute gronde.
Le souverain entame dans la foulée sa réforme agraire, nationalise forêts et pâturages, distribue 20% des bénéfices des entreprises aux ouvriers et crée une «Armée du Savoir» pour lutter contre l'analphabétisme.
Autant de principes approuvés à une très large majorité d'Iraniens lors d'un référendum.
«En une poignée d'années, Mohammad Reza fait gagner cinq siècles à son pays. C'était aller trop vite», observe Yves Bomati. Les chefs de tribus, dont l'autorité est mise à mal, se rebellent. A leurs voix s'ajoutent celles d'une partie des religieux, et notamment celle d'un certain Khomeiny.
Les fêtes de Persépolis, données en 1971, seront selon l'historien l'autre erreur du dernier empereur iranien. «En célébrant cette cité fondée par Cyrus le Grand au VIe siècle avant J.-C., il glorifiait le passé, celui d'avant l'islamisation. Tous les grands de ce monde étaient invités, alors que les Iraniens ont suivi ces festivités grandioses à la télévision. C'était pourtant leur histoire. Une cassure s'est alors produite.»
Sur la corde raide
Mohammad Reza est entré très tôt en résistance, face à une destinée très accidentée.
Arrivé sur le trône en 1941, il est victime d'un attentat huit ans plus tard.
Il est ensuite contraint à l'exil après avoir échoué à destituer son Premier ministre, Mohammad Mossadegh, à l'origine de la nationalisation en 1951 de la toute-puissante compagnie pétrolière britannique. Un coup d'Etat orchestré par les Etats-Unis le réinstallera au pouvoir.
Plus tard, il est en lutte contre les groupes religieux et Khomeiny, dont la BBC diffuse les appels à la Révolution.
Pour finir, cet empereur déchu et gravement malade errera en quête d'une terre où mourir. Seul le président égyptien Anouar el-Sadate l'accueillera.